Fin Avril 2018 .... les rangers grondent dans les placards.. après un long hiver entrecoupé de marches populaires d'entretien, l'appel de la nature devient de plus en plus pressant.
Une fenêtre météo favorable de trois jours et nous sautons dans la voiture direction le col de la Shlucht , à la source de la Meurthe, dans les Vosges.
L'itinéraire suivra grossièrement la crête des Vosges, et l'ancienne frontière entre le Reich Allemand de 1870 et le département des Vosges. Nous aurions aimé aller jusqu'au Ballon d'Alsace mais la météo ne nous accorde que trois jours de beau temps. Par conséquent l'arrêt se fera au refuge TCF du Rouge Gazon.
L'équipement est conséquent pour une ballade en moyenne montagne en autonomie totale avec un ado de 14ans et Iera , notre berger des Pyrénées. J'emporte 25 kg dans le sac F3 et Alessio supporte ses 15 kg . Les soirées en altitude risquant d'être fraîches je prévois du lourd pour le couchage, et, comme d'habitude, en bon papa poule ... un peu trop pour le confort et la sécurité de tous.
Réveil à 5 h du matin et après un bon petit dejeuner nous embarquons dans le Scenic, direction les Vosges.
A l'assaut du Honneck
Arrivée à la Schlucht à 9h30 ... grand beau temps, nous partons directement à l'assaut du Honneck par le GR5 , c'est un peu raide quand on est froid. La neige est encore présente , et fond vitesse grand V avec un tel soleil. Arrivés aux sources de la Meurthe nous passons les premiers névés , ou bien faudrait-il dire nos premières "soupes". On s'enfonce jusqu'à mi mollet et chaque pas est une galère. Le chien par contre s'éclate... ah que c'est bon la neige !
Les Spitzkoepfe
Après une bonne heure d'effort nous atteignons la crête vers 1200 m , à cet endroit on ne rigole plus ... trois cent mètre de gaz à droite. Nous passons au dessus des Rochers de la Martinswand. Ici une chute du mauvais coté est particulièrement déconseillée. Faire ce chemin en plein brouillard est littéralement un suicide, d'ailleurs "on meurt bien dans ce coin des Vosges".
Cette remarque n'est pas un exercice de style, objectivement, ici, la montagne est dangereuse : vent , brouillard , a-pics soudains, Beaucoup de touristes inexperimentés y laissent la vie , et même quelques randonneurs chevronnés. Dans cet endroit précis des Vosges , on ne sort pas par mauvais temps.
Nous ne montons pas au Honneck avec son piège à touristes et prenons un peu de repos au col de Falimont, histoire de commencer à vider les sacs... des promeneurs à la journée regardent nos sacs avec intérêt, c'est l'occasion d'échanger un peu .
Sur les crêtes
Le chemin des crêtes est un véritable enchantement ... petite brise fraîche, jonquilles et, compte tenu de la saison, peu de marcheurs. De belles congères nous offrent un spectacle magnifique et nous profitons d'un petit détour par les Spitzkoepfe ( les têtes pointues) pour nous extasier sur le paysage et les 400 m de vide qui nous séparent du lac de Schiessrothried.
Pour Alessio, c'est sa première sortie en montagne... il fait le blasé (comme quoi en Alaska c'est quand même mieux) mais sur le fond ... je crois que ça lui plaît bien, la montagne.. en vrai.
Nous laissons le Kastelberg sur notre gauche pour traverser la chaume à flanc de montagne en direction de la ferme auberge du Ferschuss.
Accident
Quelques névés à passer , je préviens ... "attention , c'est de la soupe, ça peut glisser en dessous"
Et hop , c'est pour ma pomme ! Le dernier pas est fatal , un galet qui glisse ( en lorrain on dit qu'il à routché ) et me voila au sol incapable de résister au poids du sac. La cheville claque ... Punaise que ça fait mal! .
Pin-pon ! voila la cavalerie.. le chien et mon partenaire de 14 ans . On enlève la rangers , c'est pas beau ... une belle entorse. Quelle chance, nous avons de la glace sous le coude, je plonge le pied dans la neige fondante pendant quelques minutes, pas trop quand même histoire de ne pas se geler les doigts de pied bêtement , je sèche , et j'enfile la rangers en serrant à mort les lacets.
Nous ferons la pause à la ferme du Fernshmuss. La cheville tient mais je ne fais pas le malin. Nous observons le sentier devant nous , tout le flanc du Rainkopf est sous 20 centimètres de neige. Nous décidons par conséquent d'emprunter la route des crêtes, parfaitement dégagée pour rejoindre l'autre versant du Rainkopf sans prendre le risque d'une nouvelle chute.
C'est sur, le macadam c'est moins rigolo que le sentier... nous progressons néanmoins bien plus vite et en totale sécurité. La circulation est nulle , pas une seule voiture en une heure!
La randonnée: le pass pour devenir un vrai européen
Arrivé à la Route des américains nous descendons à travers la foret en direction du col de l’Étang en suivant l'ancienne frontière de 1870 symbolisée ici par un muret de cinquante centimètres de haut et de bornes frontières. Bien sur, il y a toujours une borne française d'un coté et, quelques mètres plus loin: une borne allemande. Alessio remarque d'ailleurs que les bornes allemandes ont d'ailleurs une bien plus belle allure que les françaises. D'un strict point de vue esthétique , c'est vrai , elles sont plus grandes, scellées dans la pierre. Historiquement ... elles symbolisent les bornes du vainqueur, les françaises, plus modestes, rappellent qu'elles ne sont là que d'une manière provisoire... Je suis même prêt à parier que lorsque les patrouilles de douaniers françaises et allemandes se croisaient , les hommes devaient cordialement s'ignorer.... Comme quoi c'est incroyable ce qu'on peut dire sur un tas de cailloux.
En quelques lacets nous passons du Haut Rhin au département des Vosges , puis de la France à L'Allemagne et du Reich à la Lorraine. C'est incroyable ce que la randonnée pédestre permet de faire ! six passages de frontière en deux cent mètres .
Nous arrivons enfin au Col de l'étang et son petit chalet forestier si accueillant.
Restons lucides ... un toit , une cheminée , une table et deux bancs ... et un sol jonché de feuilles , de quelques canettes vides et papiers gras... Mais qu'est ce que c'est mignon ! L'endroit est charmant le soleil de l'après midi baigne la foret dans une lumière réconfortante, les feuilles encore d'un vert tout tendre nous rappellent qu'il y a encore quelques jours , ici , il faisait très froid.
Quelques touristes passent encore, avec leur petit sac à dos à la journée , ainsi que quelques vététistes qui descendent le sentier à toute vitesse.
Nous posons les sacs , improvisons un balai avec quelques branches de sapin , histoire de nettoyer l'endroit et les Sankhois peuvent enfin se détendre.
Ces petits abris forestiers sont appréciables, c'est rustique mais il y a une cheminée !. Nous dînons au feu de bois un superbe bœuf Strogannov lyophilisé et nous nous couchons au sol pour un sommeil bien mérité.
21h extinction des feux .
Les crêtes "sauvages"
Au petit matin , dans la foret , tout est calme , seul un grand duc en chasse nous a dérangé pendant la nuit. La chienne a bien grogné ,mais nous n'avons pas pu distingué ce qui l'avait dérangé. Cerf ? Sanglier ? ou tout simplement un renard qui passait par là?
Le petit déjeuner nous rappelle toutefois une réalité... Nous avons tout juste de l'eau pour un café et un muesli ainsi que pour la chienne. C'est un peu difficile à gérer quand on est en groupe ( si , si , avec le chien, ça fait un groupe , et le chien est prioritaire) Alessio transporte 2 litres et moi 2.5 litres. En théorie c'est juste , mais visiblement pas assez. Nous espérons faire le plein, soit au prochain col, soit en chemin en puisant de l'eau dans les différentes sources qui coulent des sommets. Il n'y a pas encore de vaches sur les chaumes , nous ne devrions pas trop avoir de soucis en matière de salubrité de l'eau.
9h 30 nous redémarrons sur un sentier à flanc de montagne dans la foret , et montons en direction de la Ronde Tête à 1160 mètres. Super sympa, ce sentier alterne les petites montées avec des petit faux plats . Il faut tout de même rester prudent, le moindre faux pas peut avoir des conséquences désastreuses. En chemin nous franchissons un petit ruisseau de fonte des neiges et nous en profitons pour remplir les Nalgenes après avoir filtré l'eau au mini Sawyer. Je suis toujours émerveillé par la fiabilité de ce petit appareil. Pas une impureté dans l'eau. Par principe, nous ajoutons une pastille de Micropur. Si l'eau est parfaitement filtrée avec une membrane de 0.1 micron, ne perdons pas de vue que cela ne détruit pas les microbes.
Nous arrivons au col de Bramont en moins d'une heure . Beaucoup de monde pour une heure aussi matinale , quelques campings cars, des touristes et quelques randonneurs à la journée qui mettent tout de même 25 minutes pour trouver le bon chemin parmi les trois qui partent dans la direction du Ventron .
Le sentier devient maintenant un peu plus ardu , ça monte et nous alternons des passages de forets, de neige et de pierriers. Prudence , encore prudence , avec une cheville qui radote , je ne fais pas le malin en regardant la pente en dessous de nous.
Iera, Labri dans l'âme et gourmande de coeur
Une petite pause entrecoupées de bonjours sympathiques de touristes est la bienvenue. Nous dégustons nos saucisses sèches alsaciennes, des "gendarmes" , quelques croquettes pour la chienne qu'il faut bien nourrir, ne perdons pas de vue que même si elle ne porte rien , elle en fait autant que nous , voire même plus. Notre berger des Pyrénées vient de se découvrir une âme de chien de troupeau de montagne, donc elle part cinquante mètres devant , pour ensuite venir nous chercher et le cinéma recommence une minute plus tard. En tout et pour tout, je suis persuadé qu'elle en fait au moins deux fois plus de kilomètres que nous.
Nous avons assuré , merci à la marque Pedigrée qui propose des sacs scellés de pâté en morceaux " frais" avec des doses quotidiennes bien calculées. Je lui en donne le matin pour un bon apport en énergie , et dans la journée on lui donne des croquettes. Iera adore aussi les biscuits Trek and eat . Protéines, sucres lents, tout y est , sans compter qu'en bonne taxeuse , il y a à chaque pause un bout de gendarme qui passe dans son estomac. On a le chien qu'on mérite !
Sur ce chemin de crête nous abordons dans la réserve naturelle du Ventron une zone de tourbière encore enneigée qui donne à l'endroit un air de toundra. Quelques arbrisseaux, de la mousse et des lichens, avec un peu d'imagination on se transporte assez facilement dans ces paysages du cercle polaire arctique du côté d'Alta ou du Nordkapp
En quelques heures nous arrivons à la ferme auberge du Grand Ventron. Il fait chaud et une petite bière est la bienvenue.
De la ferme auberge à l'abri forestier
Je fais une aparté sur les tarifs des fermes auberges. 8.5 € pour une biere en bouteille et un coca cola c'est un peu lourd. S'il est vrai que certains aubergistes abusent soit de la situation en haut des pistes ou pratiquent une tarification à la tête du client ( j'ai déjà vu des expresso vendus 4.5 €... on se croirait sur les champs Elysées ) ne perdons pas de vue qu'ils exercent un métier dépendant uniquement de la météo, qu'ils se coltinent tout ce que d'habitude nous confions au service public , notamment les poubelles ou l'approvisionnement du gaz et que régulièrement ils jouent aux Saint Bernard avec les touristes distraits. Je n'excuse donc pas la pratique, j'en explique les fondements. La ferme auberge , c'est souvent un luxe, il suffit de le savoir. L'eau qui coule à l'abreuvoir, étant la même qu'en cuisine, rien ne nous oblige de vous asseoir en terrasse pour vous désaltérer.
Bref, une canette plus tard et une demi heure d'étude sociologique sur la population fréquentant l'endroit , nous repartons à l'assaut , successivement du petit Ventron, et de la Tête du chat sauvage. Super paysage ! Depuis le sommet à 1153m nous avons une vue incroyable sur le massif ; Avec la Vallée de Kruth à notre droite , nous apercevons le Markstein, vers le sud la vue s'étend jusqu'au Drumont , le Ballon d'Alsace est juste derrière.
La chaume des Vintergés
En quelques lacets particulièrement pentus en pleine foret nous atteignons la Chaume des Vintergés à 1080m .
Un vrai petit bonheur cette baraque forestière! comme au Col de l'étang , une table , une cheminée nous attendent. Même scénario, nous faisons d'abord un peu de ménage et nous installons pour la soirée. Ce soir , soin des pieds et petit repas. La journée de demain sera rude: d'une part parce que la météo est nettement moins favorable qu'au cours de ces deux jours presque estivaux mais aussi parce que l'enchaînement Drumont, Col de Bussang , Tête des Allemands et la montée à la chaume du Rouge Gazon est loin d’être une promenade de santé. Alessio semble être au top du moral , la chienne pète le feu et si ma cheville est douloureuse sur la première demi-heure de marche , une fois chaude, elle tient le choc tant que le pied reste bien à plat .
Nous-nous faisons du bien avec des pâtes à la sauce sicilienne agrémentées de piment de Cayenne , ce qui nous rapproche d'ailleurs plus de la "putanesca " napolitaine. Je charge un peu plus la gamelle de la chienne et je mets tout le monde dans les sacs de couchage avant même le coucher du soleil. Au bout de dix minutes tout le monde dort , même la chienne qui est pourtant une flippée de première et pour la quelle le fait de dormir en pleine nature tient plus du cauchemar que de la partie de plaisir.
La nuit fut calme , même chaude.... sans pluie. Je sais pourtant que nous devrions avoir des averses... nous avons encore un répit.
Au réveil, on ne traîne pas... un rapide petit déjeuner , les sacs sont faits dans la foulée, au loin les nuages commencent à s'accumuler. Ça ne dit rien qui vaille.
Pour rejoindre le col d ' Oderen , je décide de ne pas prendre la crête mais de passer à droite ( sentier bleu-blanc-bleu ) et par la petite route forestière , histoire de ne pas monter inutilement au Felsachkopf à 1100 m pour ensuite redescendre à 884m , d'une part, et aussi pour gagner en vitesse et je n'en disconviens pas , pour économiser ma cheville.
En moins d'une heure nous sommes au col d'Oderen, nous avons gratté une heure sur le timing . Par contre , la météo s'aggrave: l'orage gronde au loin , les nuages bouchent l'horizon, plus un seul rayon de soleil, la température chute. En Avril , dans les Vosges, c'est encore un petit peu l'hiver. A titre personnel , j'ai le souvenir d'avoir dormi sous la neige en 1987 un 2 mai du côté du Markstein.
Sous l'orage
Au col nous faisons le plein d'eau finissons une plaque de chocolat histoire de faire le plein de sucres rapides et partons dans la foulée à l'assaut de la Faigne des minons. Là on ne rigole plus , ça monte de 100 m en 500 m . et bien sur , histoire de corser cette ascension à 20 % c'est à ce moment là que l'orage éclate!
Le temps de mettre les ponchos , nous sommes trempés. A croire que le bon dieu s'est retenu pendant deux semaines pour tout nous balancer sur le coin du sac à dos en une minute.
Les Sankhois montent toujours, Alessio en bon rugbyman fait semblant de ne pas souffrir , mais je remarque quand même qu'il fait une pause tous les vingt mètres pour récupérer. Je passe en mode "Panzer" et en respiration 1/1 , j'ai l'impression que le sac fait 35 kilos. La chienne est au bout de sa vie et me saute dans les jambes en espérant me faire comprendre "que les conneries, ça suffit". A quelques mètres sous le sommet , alors que les éclairs tombent de toute part , je profite d'un léger replat pour décréter une pause tactique.
Je monte rapidement le tarp entre deux arbres et nous nous réfugions sous cet abri improvisé.
Il fait froid, je déshabille Alessio, le sèche et lui fait passer des vêtements secs , sa doudoune et un pantalon de pluie en gore tex . Une doudoune qu'il avait détesté ," deux kilos de trop " disait -il ," totalement inutile" avec le beau temps que nous avions eu les deux premiers jours.
Hé Hé , ça sert de vivre avec un parano... là il est vraiment content ... je sors aussi les mitaines que j'avais aussi prévues "au cas où " et voila mon gamin au chaud et au sec. Je passe rapidement un tee-shirt sec , je sors mon polaire F2 ( merci la french army) la veste en gore tex et me voila aussi sorti d'affaire. L'hypothermie n'était pas loin , je commençais à claquer des dents.
La chienne atteint la limite de la dépression nerveuse... elle se réfugie sous le tarp , trempée crottée et gelée . On essaie de la réchauffer comme on peu , mais pour elle , pas question de passer un pelage sec. Il va falloir qu'elle tienne.
Conseil de guerre
Qu'est ce qu'on fait ? Marcher sous l'orage? pour le moment c'est trop dangereux , surtout sur la crête et en lisière de foret.
On décide d'attendre que ça se calme ... Oui bon , mais après ? S'il pleut encore , on fait quoi?
Je sais que dans les Vosges, quand il pleut, c'est 3/6/9 , comme le mistral en Provence. Quand c'est parti , on signe pour un bail . Je sais, pour l'avoir fait , que le chemin des crêtes sous la pluie (même en plein été) ce n'est franchement pas drôle du tout . En foret , il pleut deux fois.... au moment de la précipitation, et quand les arbres évacuent l'eau . En montagne il faut compter que les nuages mettent un certain temps a se dégager , et qu'à 1000 mètres il fait dix degrés de moins qu'au niveau de la mer, il va faire très froid pour des organismes affaiblis. Même si nous sommes (sur)équipés et bien protégés notre vitesse progression va prendre une claque : en descente parce que nous serons obligés d’être deux fois plus prudents, en montée parce que c'est deux fois plus glissant.
Sous la toile, nous discutons et décidons de patienter jusqu'à midi. S'il ne pleut plus nous serons tout juste dans les temps pour atteindre le refuge du Rouge Gazon avant la nuit (un petit coucou à Monsieur Bolla le gardien bénévole du refuge ) Par contre, s'il pleut encore, il faudra songer à interrompre notre balade pour retourner à l'abri du col d'Oderen pour soit patienter jusqu'au lendemain , soit préparer un retour dans la vallée. Quoi qu'il en soit nous ne pouvons pas camper ici.
A midi tapante, nous constatons qu'il pleut autant . En montagne s'il y a bien une chose à ne jamais faire c'est de tenter le diable. Nous plions le tarp et redescendons en moins de 30 minutes au col ou nous nous réfugions dans un abri en tôle fermé par quelques planches , sans porte mais en tout cas sec et propre.
Nous séchons la chienne à la serviette , lui proposons à manger , ce quelle refuse ... je crois que la situation ne la fait plus rire du tout .
Je sèche mes habits sous le poncho avec ma bonne vieille méthode commando Guyane : une gamelle avec un allume feu , placé entre les jambes , accroupis sous un poncho hermétiquement fermé , on ne laisse que le visage dehors et c'est ultra efficace ! Sec en dix minutes avec une version revisitée du sauna .
On se remonte le moral comme on peut ... une soupe , un café , un sandwich au gendarme alsacien, quelques fruits secs et des Mars ....
Retour vers la civilisation
Vers 14h nous entamons la descente vers la vallée. Par chance la route est fermée pour cause de travaux et nous devallons les cinq kilomètres jusqu'à Ventron en toute sécurité. L'affaire est bâclée en 1h .
Aucun hébergement disponible dans le village , ils sont tous en congés annuels jusqu'au 2 mai . Non mais, restons sérieux quoi … Un week-end de rêve et pas un établissement ouvert !
Pas de chance il faut retourner à la maison un peu plus tôt que prévu , nous arrivons a trouver un taxi , merci à la 4G et au smartphone d'une manière générale. Nous patientons sous le porche d'entrée de l’église, même les cafés sont fermés... Le curé ,se rendant à confesse , nous accorde officiellement l'hospitalité dans la maison de Dieu. Merci Seigneur pour tous les trempés de la Terre.
Une heure de patience et notre taxi nous prend en charge, 40 kilomètres plus tard (50 €) nous voilà à notre point de départ, au Col de la Schlucht , l'aventure est finie , il ne reste plus qu'à rentrer à la maison en priant que Mam' Sankhoi ne soit pas en train de faire la fiesta avec les copines, parce qu'elle va l'avoir mauvaise quand elle va voir la lessive que nous lui ramenons !
C’était donc une chouette balade de découverte pour Alessio (dit Black Wolf dans le milieu) il me questionne déjà sur les Alpes..... Holalalalalala.... je suis dans un mauvais plan.
L’itinéraire n'est certes pas difficile, attention les crêtes ce n'est pas plat , en fait on n’arrête pas de monter et de descendre, c'est 100 m à chaque fois , mais au bout de la journée , on a fait 15 bornes et 900m de dénivelé.
Certains passages sont chauds.. et avec un peu de recul je dirai même potentiellement dangereux. D'où l'importance de rester lucide, bien alimenté et si possible 100% fonctionnel. Le club Vosgien a fait un travail remarquable , balisage impeccable, panneaux explicites et même à certains endroits des panneaux descriptifs des itinéraires avec quelques conseils appropriés. Donc , quand il est écrit : "itinéraire dangereux" … il faut les croire. Ce ne sont pas des gens qui veulent garder la montagne rien que pour eux.
Le soucis le plus important c'est l'eau … on ne peut pas se charger comme des ânes, deux litres ou trois suffisent si tant est qu'on accepte de faire un petit détour pour puiser dans une source , ou de filtrer ce que nous offre la nature sachant qu'en cette période de fonte des neige l'eau est un tout petit peu plus propre qu'en été. Ne perdons pas de vue que pendant tout l'hiver les skieurs ont pissé dans la neige, et qu'un hiver ne suffit pas à drainer vers le bas toutes les déjections des vaches qui estivaient là l'an dernier. Donc prudence avec l'eau des torrents, on filtre et on purifie ...et on prie pour que tout se passe bien.
Pour l'hébergement …. il y a des chalets de montagne régulièrement sur toutes les crêtes, il y a donc au moins un toit et une table. En pleine saison , les fermes auberges et les refuges sont ouverts , il est très difficile de marcher une journée dans les Vosges sans pouvoir s'abriter. Ce n'est par exemple pas du tout le cas dans le Jura.
Pour conclure, on a encore une fois un peu trop porté , même si l’expérience nous a prouvé que ce n'était pas si inutile que cela … et puis c'est vrai , nous y étions pour le fun et pas pour (trop) souffrir. L'abandon , en montagne n'est pas un echec, c'est un acte d'intelligence, et ça fait aussi partie de l'aventure.
Essayez, les crêtes des Vosges, ça vaut la peine.
Altimètrie, histoire de prouver qu'on a pas chômé :
Prochaine balade... les gorges du Doubs et les Ardennes Belges.
Staring : Dad Sankhoi , Lulu Alessio Blackwolf , et Iera , Labri gourmand